Cas pratique sur le deuil d'une patiente en Sophrologie
Êtes-vous prisonnier de votre passé ? Cas pratique sur le deuil d'une patiente avec les interventions du praticien.
Écrit par Ghylaine Manet le 14 Juillet 2010
Céline, trente-huit ans, célibataire, ingénieur
Céline vient parce qu'elle est complètement déprimée.
« Il y a un mois, mon ami m'a quittée. Tout s'est écroulé quand il m'a dit qu'il ne fallait plus qu'on se revoie. Je voudrais avoir confiance en moi, ne pas m'enfermer dans mes problèmes, rester ouverte aux autres, ce que j'ai beaucoup de mal à faire en ce moment. Nous ne recevions jamais; mes parents dînaient toujours dehors et nous, les enfants, nous restions à la maison. Aussi il m'arrive encore d'avoir des difficultés en public. Je suis capable de rougir encore, comme une petite fille...."
"D'ailleurs, mes parents m'ont toujours considérée comme une enfant ; je ne me sens pas du tout adulte. Mon père et moi, on se ressemblait par certains côtés, une grande sensibilité. On n'arrive pas à être adulte. Il était très dépressif.
Sa mort qui remonte à un an a été terrible pour moi. Je n'ai pas encore fait le deuil. Mardi matin, je me suis levée avec l'angoisse de la mort. Je me suis levée avec cette idée: il fallait absolument que j'ouvre les volets, que je fasse quelque chose. Ca n'a pas duré longtemps mais c'était très douloureux. J'étouffais. Il fallait que j'ouvre les volets, je pensais à mon père.
J'ai un frère avec lequel je n'ai pas beaucoup de relations. Il est très renfermé et a, lui aussi, des problèmes d'adaptation sociale. »
On note, chez Céline, une difficulté à finir ses phrases, comme si parler ne servait à rien. En fait, elle a du mal à communiquer avec les autres. Elle n'a rien à dire. Comme elle ne peut pas raconter ses angoisses, elle ne sait pas de quoi discuter. Elle se plaint de n'avoir aucune culture et de rencontrer des difficultés de concentration.
« Mon travail ne m'intéresse pas vraiment. Malgré tout, je suis très sérieuse. J'ai des difficultés avec une collègue qui travaille avec moi, j'ai du mal à la supporter. Mais je n'ai aucune possibilité de changer d'entreprise. Il faudrait faire des CV, des démarches; Je ne n'en sens pas le courage. La crise de l'emploi ne m'incite pas non plus à changer. Je sais bien que j'ai de la chance d'avoir un travail alors que beaucoup d'ingénieurs se retrouvent sur le pavé.
Je fais partie d'un club de tennis et de gymnastique pour occuper mon temps et parce que je dois prendre soin de mon corps.
J'ai des difficultés de sommeil et je prends des somnifères et un tranquillisant depuis de nombreuses années; j'ai toujours eu beaucoup de mal à m'endormir. J'ai souvent des crises d'angoisse.
En ce moment, j'ai des crises de colopathie dont j'aimerais bien me débarrasser.
J'ai un manque de confiance en moi. Je ressens une fatigue extrême, je n'ai pas le moral.
Je suis dépressive parce que je n'ai pas de but. Je rentre chez moi et je ne fais rien. "
Technique de sophromnésie Sophronisation de base, atteinte du niveau sophro-liminal (au bord du sommeil).
Céline se sent bien située: ici et maintenant, corps et esprit au repos.
Après son accord, je demande à Céline d'ouvrir mentalement un livre qui représente son existence. Je prends bien soin d'évoquer un livre important, ouvert au tiers, afin de lui suggérer que sa vie est loin d'être finie. Le livre est ouvert à la page d'aujourd'hui. Lorsqu'elle a pu fixer clairement une scène, Céline lève son index droit.
Je dis alors: « Vivez ce moment intensément et fixez-le dans votre mémoire. »
Je laisse quelques minutes de silence. Puis je lui demande de quitter cette scène après l'avoir datée dans le temps.
Ensuite je l'invite à feuilleter les pages vers la droite pour retrouver la page d'aujourd'hui. Nous finissons cette séance par un exercice sur le point Hara. Concentration sur ce point énergétique et central du corps.
Une belle marguerite de couleur jaune vient spontanément envahir l'espace intérieur de Céline qui se concentre intensément sur la couleur. Elle se sent enveloppée d'une couleur chaude, vivifiante, elle la vit intensément comme une couleur énergétique qui la régénère. Reprise mentale et physique dans le monde de la vigilance. Céline évoque le souvenir qui l'a transportée dans son enfance.
(Suite du traitement dans le livre)
Céline, aujourd’hui maîtrise beaucoup mieux sa vie et a retrouvé confiance en elle. Elle vit maintenant avec un compagnon. Elle a fait le deuil du père.
Ghylaine Manet "Respirez la vie avec la sophrologie"