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Les enfants du divorce (partie 1)

Analyse à travers un cas pratique des symptomes qui obligent les parents a consulter un thérapeute afin d'entreprendre une psychothérapie.

Écrit par Ghylaine Manet le 12 Avril 2020

Les enfants du divorce (partie 1)

 « Quand les parents se font la guerre »

Chiffres du divorce (source Planétoscope) : En 2011, 44,7% des mariages finissent en divorce. Dans 15 à 20% des divorces, c'est la guerre. En moyenne les hommes ont 41 ans et les femmes 44 ans. En 2011, 1,6 millions d'enfants vivent dans une famille recomposée. 250 000 enfants subissent un divorce chaque année.

 LE PETIT PIERRE

« Il était une fois… papa et maman vivaient ensemble. On avait une grande maison avec un jardin. Et un jour ils m'ont dit : « Ne t'inquiète pas, on t’aimera toujours mais papa et maman vont se séparer parce qu'ils ne s'aiment plus. Tu auras maintenant deux maisons. » Le petit Pierre n'a pas été trop surpris. En effet il les a bien entendus se disputer trop souvent. Quelquefois il ne dormait pas. Ils croyaient qu'il dormait, il faisait semblant. Il se rendait bien compte du haut de ses 10 ans que ça allait mal finir un jour. « Un soir, alors qu'ils avaient oublié de chuchoter, pour que je ne les entende pas, j’ai descendu les escaliers, doucement, et j'ai alors tout compris. Ils se disputaient pour savoir qui allait me garder, quel jour, quel week-end. C'était dur, On me découpait en morceaux »

L'enfant n’est pas une maison, n'est pas un meuble. Il ne peut pas faire l'objet d'un marchandage. L'enfant confié à l’un ou à l’autre n'est pas une béquille. Dans les cas de divorces difficiles, il devient un otage, un messager manipulateur parce que manipulé, infirmier, sauveur et protecteur du parent délaissé. Le mal est fait. L'enfant garde une blessure profonde. Il se sent coupable de ce désastre et s'en souviendra dans son couple futur. 

 

Le comportement de l'enfant et les symptomes qui obligent à consulter 

Les symptômes que l’enfant montre permettent d’évaluer son niveau de perturbation. Le premier élément vient de l'observation du monde scolaire. A-t-il un comportement silencieux, renfermé ou agressif ? Son niveau scolaire est-il en baisse ? Manque d'attention ? Manque de concentration ? Est-il souvent fatigué le matin ? Note-t-on un manque de participation aux jeux, aux activités ? A-t-il des camarades ? A la maison, l’enfant s’enferme volontairement dans sa chambre pour jouer sur son ordinateur ou à ses jeux vidéo. Son manque de communication à la maison, ses brusques mouvements de colère, d'agacement, ses insultes, sa tristesse, son ennui doivent alerter les parents. A-t-on remarqué une violence en paroles et en gestes, envers lui-même et envers les autres, sans pouvoir identifier la cause réelle de ce comportement ? L’enfant comme l’adolescent ont besoin d’aide extérieure à la famille. Le dialogue est une nécessité pour sortir de cet isolement psychique et de cette souffrance morale. 

 

Les ymptomes qui obligent les parents à consulter

L'école demande qu’il y ait une consultation pour l'enfant hyperactif, violent, agressif. Mais d’autres symptômes sont récurrents : les problèmes de sommeil, les cauchemars de l'enfant, les accès de boulimie, d’anorexie, les crises de panique, la spasmophilie, les crises de colère, les crises de larmes, les nausées, les céphalées, les maux de ventre, l’énurésie, les tocs, les tics… Ces symptômes s'atténuent au fil des séances de psychothérapie jusqu'à disparaître si le climat familial devient plus sécurisant, si l'enfant réussit à s'échapper du monde anxiogène des adultes.

 

La psychothérapie

La consultation est un lieu de médiation dans un premier temps. Le contact avec les enfants demande beaucoup d’attention. Il faut créer un lien, une confiance, une curiosité. En général, ils n’aiment pas se livrer, ils sont méfiants. La situation conflictuelle qu'ils vivent chaque jour développe leur sensibilité, l'envie de se protéger du monde extérieur qui leur est hostile. Il est intéressant d’avoir des informations de l’enfant en premier lieu. Que savent-ils réellement ? Quel est leur degré de souffrance? Que peuvent-ils accepter ? Quand la glace est rompue, à partir du commentaire de dessins, ils racontent le drame qu'ils vivent. Les dessins des enfants témoignent de leurs difficultés, de leurs souffrances à vivre la séparation. Ces dessins servent de point de départ à la consultation. Ils ont dessiné leur problème. Pierre, 10 ans, se sent tiraillé entre deux maisons (dessin 1). La mère ne se rendait pas compte que c’était son problème. « Nous avons divorcé depuis 4 ans et il ne s’est jamais plaint ». Il est venu, en fait, pour la peur de l’avion.

 

dessin enfant divorce

Dessin 1 : Avant le divorce

 

dessin enfant divorce

Dessin 2 : Le divorce

 

Aurélie, que j'avais vue il y a plus d'un an pour un problème de surpoids avait dessiné sa famille (dessin 2). Elle est revenue avec sa mère. Au début de leur entretien, alors que l'enfant dessinait, sa mère m'apprend qu'elle va divorcer. Il y a huit jours en présence de son mari, elle l'a annoncé à sa fille. Aurélie n'a pas pleuré et n'a rien dit pendant ces huit jours (dessin 3). Elle a dit son chagrin d'une autre manière.

 

dessin enfant divorce

Dessin 3 : Déchirée entre les 2.

 

Recevoir les parents est indispensable. Malheureusement souvent un des parents manque. Il a trop souvent manqué dans le couple, ce qui a été justement un élément perturbant pour la vie du foyer. Le travail de psychothérapie favorise la prise de conscience de la situation présente. « Ici et maintenant », dans un climat de sérénité et de confiance. Qu’est-ce qui apparaît ? Quelles sont les possibilités matérielles, quel soutien affectif, quelles ressources familiales, quels projets pour chacun ? Quelles sont les solutions qu'ils ont trouvées eux-mêmes pour rendre la situation au moins supportable pour l'équilibre psychoaffectif et physique de l’enfant ? Ensuite viennent des séances de relaxation, de mise en confiance en sophrologie avec des techniques pour vider la colère, de séances d’autohypnose enregistrées, des contes thérapeutiques, des techniques d’EMDR pour désensibiliser les scènes traumatisantes.

 

Voir: Les enfants du divorce (partie 2)