Les pionniers des thérapies brèves
Les thérapies brèves et leurs début. Elles sont dans les hôpitaux et les cabinets de psychothérapie pour le soulagement des patients et des soignants.
Écrit par Ghylaine Manet le 2 Novembre 2015
Il y a plus de 20 ans, Dominique Mégglé, médecin psychiatre français, auteur d'une dizaine d'ouvrages passionnants sur l'hypnose osait parler de Thérapies Brèves. C'était révolutionnaire. Le temps a passé heureusement comme un fleuve en crue bousculant les préjugés. Il ne suffit plus aujourd'hui d'expliquer pourquoi on souffre. Les psychiatres, les psychothérapeutes veulent aujourd'hui sortir le plus tôt possible leurs patients du marécage dans lesquels ils ont pataugé depuis tant d'années, de thérapie en thérapie. Les thérapies brèves entrent dans les hôpitaux, les universités, les cabinets libéraux de psychothérapie pour le soulagement des patients mais aussi des soignants.
Palo Alto (Californie) origine et creuset des nouvelles thérapies dès 1950
Les vies entremêlées et les recherches personnelles présentent des convergences étonnantes. Sont allés dans la même université du Wisconsin Carl Rogers et Milton H. Erickson. En 1940 Erickson rencontre le couple Margareth Mead et Grégory Bateson, qui sera plus tard le fondateur de l'école de Palo Alto. Et c'est dans cette école que le Dr Francine Shapiro a travaillé et mis au point en 1987 sa découverte de l'EMDR (guérison des traumatismes par les mouvements oculaires) qu'elle appliqua en premier sur les vétérans du Vietnam.
L'homme par qui tout commence
Carl Rogers (1902-1987)
C'est lui le fondateur majeur de la psychothérapie aux USA. Son approche centrée sur la personne (ACP) est devenue un des principaux courants de la psychologie clinique. Maître de l'empathie et de la congruence, sa psychothérapie prône la non-directivité du psychothérapeute. Avant tout, il est indispensable de créer un climat de confiance pour entreprendre un travail thérapeutique. Quelle est la première condition ? Il en livre " la recette " dans son ouvrage " Devenir une personne " publié en1961, à Boston. Carl Rogers écrit " je veux qu'il (le patient) rencontre en moi une personne réelle. …Ce que je suis et ce que je sens peut parfaitement servir de base à une thérapie si je sais " être " ce que je suis et ce que je sens dans mes rapports avec lui de façon limpide. Alors il arrivera peut-être à " être " ce qu'il est, ouvertement et sans crainte ".
Il n'est pas le seul à émettre cette exigence : Carl Rogers la partage avec Milton Hyland Erickson (1901-1980) " le sage de Phoenix " en Arizona, psychiatre et psychothérapeute considéré comme le fondateur des Thérapies brèves et utilisant l'hypnose d'une manière originale.
La relation thérapeute-client
Carl Rogers a tracé la voie des nouvelles thérapies : " c'est le client qui sait où il va mal, quelles directives il veut suivre… Je commençais à découvrir que plutôt que de céder au besoin de démontrer mon adresse et ma science, je ferais mieux de faire confiance aux clients pour diriger le processus thérapeutique "
Milton H. Erickson en 50 ans a, dit-on, soigné 30 000 patients. Sa technique ? Lui-même le disait : " l'hypnose est un mode de fonctionnement psychologique dans lequel le sujet se détache de son environnement pour fonctionner à un niveau inconscient… L'hypnose concerne un type particulier d'échange mutuel entre deux individus… "La façon dont deux personnes réagissent l'une à l'autre". En effet, l'hypnose dont parle Erickson est un état naturel, quotidien que nous connaissons tous, lorsque nous sommes immergés dans une discussion passionnante, une lecture, un film.
L'inconscient dont nous parle Erickson n'est pas l'inconscient freudien. C'est un réservoir de ressources dont nous n'avons pas conscience ; il est à la portée de chacun. Nos fonctions vitales fonctionnent bien sans l'aide de notre conscient. Seule la respiration peut être consciente ou inconsciente. Nous pouvons la maîtriser. Le principe de base de l'hypnose ericksonienne est de pouvoir établir une communication avec l'inconscient du patient et de réussir à introduire un changement dans son comportement.