Ghylaine Manet
Formatrice en sophrologie, psychanalyste, psychopraticienne FF2P, certifiée EMDR Europe et hypnose Ericksonienne, auteure, conférencière
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Conférence 13 ième forum hypnose 2024

Écrit par Ghylaine Manet le 21 Juin 2025

Conférence 13 ième forum hypnose 2024
Ecouter la conférence:

 

On n'a pas le temps de finir. Eh bien, si vous avez des questions, ça m'étonnerait qu'on puisse les faire. Vous m'écrivez, vous avez tout ce qu'il faut sur le site.

 

Manet, arrobas, lagoune.nc, lagoune Marie-de-Zo, parce qu'on est en ville cisée. Voilà, alors donc, vous pouvez aussi écouter la charrette. Vous pouvez écouter la charrette, le compte entier sur le site.

 

Il y a ma voix, il y a le texte aussi. Donc déjà, vous avez la base de mon travail sur le deuil. Alors, j'ai présenté cette charrette de nombreuses fois à mes patients et ils voient beaucoup de choses dedans que je n'avais même pas vues quand je l'ai écrite.

 

Ça c'est intéressant. Voilà, je commence. Alors, qu'est-ce que l'hypnose ?

 

Oui, quelle est l'efficacité de l'hypnose ? Et pour y répondre, je me suis penchée sur ce qu'est la personne qui demande de l'aide à un praticien. Particulièrement quand cette personne est frappée par le deuil, soit d'un proche, d'un partenaire, d'un ami fidèle.

 

D'abord, il est nécessaire d'examiner les composantes de cette identité qu'on appelle la personne. Le corps est directement appréhendé par nos sens. L'esprit est un ensemble composé essentiellement de l'intelligence, de la conscience, du discernement, des représentations, de la raison.

 

Tout ceci fonctionne en mouvement dans les 100 milliards de neurones de notre cerveau. L'esprit n'est pas concevable sans le langage, sans la volonté, sans le discernement. Il reste un autre élément que l'on appelle l'âme dont beaucoup réfutent l'existence.

 

L'âme figure à côté du corps et de l'esprit. Je vous invite à nous demander comment l'âme constitue avec le corps et l'esprit une totalité unique, une triade qui apporte la santé de l'être tout entier. A ce propos, je rappellerai l'allégorie de la Platon datant du IVe siècle avant Jésus-Christ, la plage ailée dans le dialogue nommé Phèdre.

 

Je me suis attachée plus longuement à l'intervention de l'âme dans une hypnose particulière pour aider un survivant à accepter le deuil de sa première femme. Ce fut par un compte thérapeutique que j'ai appelé la charrette que nous avons pu redonner l'apaisement du corps et de l'esprit à cette personne endeuillée et plus encore à la perception et à l'enrichissement de son âme. Cette expérience met en valeur ce qu'est l'âme, ce qu'elle peut apporter, sa richesse intrinsèque qui permet le sentiment d'unité, de force vitale et d'intensité spirituelle vécue dans un état modifié.

 

La relation thérapeutique et la personnalité du praticien. L'hypnose est une relation particulière d'une personne à une autre personne. On l'appelle thérapeutique et elle est empathique.

 

Il y a autant de praticiens en hypnose que de personnalités multiples car la personnalité de chacun est unique. Mais puisque c'est une relation entre deux êtres, il est nécessaire que le praticien travaille lui-même à sa propre unicité. Son approche de l'autre, son désir d'accompagner le patient sur son chemin de sa délivrance lui impose de se connaître lui-même, de nettoyer ses passions mauvaises, ses croyances limitantes, de développer sa force vitale, de quitter le paraître et d'éveiller l'être en soi que certains appelleront l'âme, d'autres le cœur, d'autres l'amour.

 

Le but de chaque hypnose est de libérer la personne de sa négativité, de ses souffrances morales, physiques, de ses blocages, de ses attachements affectifs, intellectuels, afin qu'elle trouve elle-même le chemin de la liberté, la force de vivre, la joie et une ouverture existentielle. L'âme, c'est le dépassement de la dualité du corps et de l'esprit. C'est un changement de paradigme.

 

C'est la transcendance de l'être. Dans cette triade, l'âme est essentielle. Bien sûr, dans nombreux cas, l'hypnose commence par la conscience du corps, des sensations, des émotions.

 

La première approche du patient est son aspect physique, dans l'instant présent. Le corps est là, souvent figé dans la souffrance. On peut lire l'angoisse, la tristesse sur un visage fermé.

 

On entend la voix, plus ou moins faible, le débit haché et pire, les sanglots. Leur corps n'existe pas. Tout est dans la tête pour celui qui est dans le mal-être.

 

Le corps est immobilisé pendant que le cerveau est en ébullition. Ils sont dévorés par des phrases négatives, répétitives, des peurs insensées qui les font tourner inlassablement dans un cercle vicieux, une angoisse, une peur de mourir, une peur sociale, une incapacité d'avoir un bon sommeil réparateur. Ils sont prisonniers du corps rigide, bloqués.

 

Nous commençons la phase de l'induction classique, par exemple la ronde de descente de Betty Ellison. Nous encourageons le patient à ressentir la présence à lui-même, le lâcher prise, le laisser faire du corps, sans le contrôle de l'esprit. Nous commençons donc par le détachement des fonctions de l'intellect pour être dans l'instant et être dans la conscience de cette présence.

 

Présence à soi, si inhabituelle, dans notre société de zapines constants, dans une respiration bloquée, en apnée. Vient ensuite la demande, le développement de l'apnane-naise, l'expression du désir d'être soulagé des symptômes, des douleurs physiques et psychosomatiques. C'est alors qu'un travail cognitif se structure, utilisant cette fois le modèle Milton pour donner du mouvement à l'esprit du patient, susciter la résolution de conflits psychiques ou relationnels.

 

La technique des mains de Rossi également permet de se centrer sur la sensation de division du moi. Une partie de moi connaît la solution des problèmes de l'autre partie. Nous faisons appel aux ressources insoupçonnées de l'inconscient du patient, car c'est lui qui doit découvrir et exercer son propre pouvoir sur sa vie.

 

C'est l'enseignement de Milton Erickson. L'hypnothérapeute fait appel à des techniques précises, des métaphores, des suggestions, des savoir-faire. Il utilise les apprentissages anciens du patient afin de puiser dans ses ressources non seulement conscientes, mais les ressources de son inconscient qu'il remettra en action à son insu.

 

L'hypnose apporte ainsi des possibilités de changement dans le quotidien du patient, dans ses relations avec lui-même et avec autrui, et suscitant lui de nouvelles perspectives, de nouveaux projets. Il le remet en marche. Il invite au changement de toutes les représentations.

 

Suffit-il de travailler les techniques particulières qui font le réservoir de nombreuses formations, nombreuses et nombreuses on peut dire, en hypnose et rassurer le praticien ? De quoi est faite l'intervention du praticien ? De sa présence.

 

La présence est l'essentiel du thérapeute. C'est son savoir-faire, sa finesse d'interprétation, son intuition, sa culture, son adaptation fluide à l'autre. Et c'est un ensemble d'éléments constitutifs d'une personnalité unique et irremplaçable, selon le terme de Henri Bateson.

 

Son énergie vitale, sa joie de vivre, son dynamisme, sa générosité, son empathie. Car c'est ces éléments constitutifs que je viens de nommer, ce sont, à mon point de vue, ceux qui font pressentir ce qu'est l'âme. Hors du corps et de l'esprit, c'est l'âme qui donne à la relation le mouvement à la triade.

 

Sa force, sa luminosité, sa particularité, son éclat, son charisme, pour toucher la profondeur de l'intime de l'autre et susciter les ressources insoupçonnées de la relation du patient et de l'opérateur. En Chine, l'âme, c'est le qi, l'énergie vitale. Le souffle relie chaque être et toute forme au souffle primordial, qui est le principe de vie même, nous rappelle François Scheng, qui est un académicien qui a publié L'âme, troisième lettre.

 

La thérapie devient une relation d'âme à âme. Et c'est dans le travail du deuil que nous sommes confrontés à cette vérité de l'être humain. Est-ce qu'il y a une âme qui survit au corps ?

 

Est-ce que quelque chose survit après la mort ? Pour moi, l'âme caractérise le dépassement du corps et de l'esprit. Elle est l'expression de la beauté, du désir de l'éternité, de l'amour.

 

Je n'y mets aucun dogme, aucune religion juste l'envole vers quelque chose que nous ne connaissons pas, qui est impalpable, qui donne le mouvement, la force de vivre, le sens de la vie, le sens de l'être, que l'on peut nommer amour. Amour. C'est bien là que nous pouvons nous rejoindre dans une séance d'hypnose.

 

La présence du praticien qui a su unifier son corps, son esprit et son âme dans la maturité, dans le travail personnel, dans l'expérience, dans le don de soi, dans l'amour des autres, ne donne pas de place au mercantilisme, à l'omateurisme, à l'ambition et au pouvoir. Le thérapeute a, dans sa vie, expérimenté la totalité de cette triade corps, esprit, âme. Le travail dans la séance est la conséquence de son travail personnel.

 

Plus il descend lui-même dans la séance, plus l'instant présent face à son patient est riche et profond, plus l'effet se propage dans l'être de l'autre. Et c'est à ce moment qu'il prend conscience de l'intensité de son intuition, intuition qui n'a été possible que grâce à l'observation, grâce à son expérience, grâce à son propre travail en auto-hypnose, dans sa faculté de se mettre dans l'instant, dans un état modifié. Nul ne peut montrer le chemin s'il ne l'a pas déjà emprunté.

 

Qu'est-ce que l'âme ? L'âme est difficile à discerner puisqu'elle est invisible. Elle est l'intime de la personne et c'est ce qui distingue une personne d'une autre personne.

 

Mais elle est la force du cœur et bien plus. Selon de nombreux philosophes, elle exprime une nature divine, elle transcend les deux éléments de la personne. Elle est, selon certains, le pouvoir d'immortalité, alors que nous avons l'expérience de la vieillesse du corps, de sa mort, de la dégénérescence du cerveau.

 

Elle est perceptible chez une personne dans la lumière de son regard, dans l'éclat et la modulation de sa voix et la fulgurance de son sourire, dans ce qui reste au fil des années lorsqu'on regarde l'album de la vie. Dans l'adulte, on peut retrouver l'éclat du regard de l'enfant. L'âme est ce qui ne meurt pas.

 

Elle rend la personne indivisible, unique, irremplaçable. Elle survit dans le souvenir, dans l'exaltation des œuvres qu'elle crée, la musique, la peinture, la poésie, en son, les manifestations palpables, privilégiées, venues d'on ne sait où. On l'appelle l'inspiration, la présence inexplicable d'un don, d'une force extérieure à tout ce que nous connaissons et que nous sommes incapables de créer, même avec la robotique, avec l'intelligence artificielle.

 

Prenons l'exemple de la diva Maria Caras, la soprano éternelle qui chante la diva Norma de Bélin Acte I. Des millions de personnes peuvent vibrer en écoutant ce chef-d'œuvre incontestable. Quand nous inventons les métaphores, les symboles, les contes, à notre insu, pendant une séance d'hypnose, nous participons à une création de notre partie intime, l'âme initiale, ultime, dit François Chagny.

 

Mon intime conviction est que cette partie intime de nous-mêmes guérit notre mal-être, nos souffrances, nos douleurs, et remplit le vide de notre existence, lui redonne un sens. La Martine, dont les Alexandrins romantiques nous touchent, évoque cette âme, objet inannulé. Avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?

 

C'est bien de l'amour qui s'exalte lorsque l'on évoque l'âme. L'expérience de la mort évoque aussitôt l'absence de l'être aimé de son âme et nous renvoie à la nôtre au désir de l'éternité, au prix inestimable de la vie qui vient d'ailleurs. La mort nous donne l'amour de la vie.

 

C'est l'âme qui anime la personne, c'est ce qui la rend irremplaçable, cette force en nous que les êtres déprimés ont perdu et que nous, thérapeutes, nous les aidons à retrouver. L'âme, c'est aussi cette partie de notre être qui est en contact avec le monde, la nature si vivifiante, généreuse, étonnante. Et citons les vers de correspondance de Bollet, « La nature est un temple où des vivants puisillés laissent parfois sortir de confuses paroles.

 

» L'homme y passe à travers des forêts de symboles qu'il observe avec des regards familiers. L'hypnose nous met dans un état modifié hors du temps et de l'espace, avec des perceptions différentes selon le sujet. Le conte thérapeutique, la chavette que j'ai écrite que vous retrouvez sur mon site, pour apaiser un deuil, a des réminiscences du texte célèbre « L'attelage ailé » de Platon, développé dans le dialogue phèbre, allégorie qui peut toucher l'âme de chacun différemment.

 

Il est temps d'évoquer l'allégorie de Platon magistralement commentée par Jacqueline de Romilly. L'expression de l'âme chez Platon est d'une grande précision et d'un réalisme particulier. Platon ouvre la voie à la psychologie moderne, supprimant l'idée que ce sont les dieux avec leurs passions qui animent l'âme humaine.

 

Platon décrit un cocher aux prises avec un attelage ailé des deux chevaux. L'un d'eux, un cheval noir, représente le désir mauvais, les émotions violentes, l'amour physique destructeur, fougueux, incapable d'accepter d'être dirigé, et perturbe l'équilibre de l'attelage. Le cocher représente la raison de l'homme, le discernement, l'intellect.

 

C'est lui qui doit mener l'attelage ailé et le conduire vers la voûte céleste où règne l'amour des idées éternelles, transcendantales, de la réalité absolue, le beau, le vrai, le bien. Le deuxième cheval, blanc, calme, soumis, obéit aux ordres du cocher. Il est animé de bons sentiments et de belles aspirations vers les vérités éternelles.

 

Il y a dans cette allégorie une grande force d'expression du conflit, des passions opposées. L'attelage entier représente l'homme dans la triade corps-esprit-âme, dont les éléments sont indissociables. Cet attelage est ailé.

 

Il n'y a pas la description des ailes, mais bien la métaphore de l'élévation de l'âme vers le ciel des idées, le beau, le vrai, le vrai et le bien. Pour quitter la terre ferme, la vie terrestre, la matérialité, le cocher, qui représente l'intelligence, a le désir et la force morale de monter vers les cieux et d'accéder à l'éternité. C'est la voie royale pour éviter la réincarnation après la mort, selon Platon.

 

On ressent une certaine origine indienne où l'on retrouve les images de chevaux ailés et la croyance à la réincarnation des âmes, selon leur parcours terrestre, dans les Upanishads, entre 200 avant J.-C. et 200 après J.-C. Citons la prière finale de Socrate, qui termine le dialogue ferme, « Ô cher temps, et vous, divinité de ces lieux, donnez-moi la beauté intérieure et faites que tout ce que j'ai d'extérieur soit en accord avec ce qui m'est intérieur. » L'âme peut être assimilée à la beauté intérieure, au cœur, à l'amour.

 

On sait bien d'où vient la souffrance de l'être humain que nous avons toujours dans nos cabinets chaque jour, son ego orgueilleux, accroché au bien matériel, ignorant de la beauté du bien, attaché aux passions destructrices comme la colère, la jalousie, l'avidité, la haine, les pulsions déchaînées. C'est la partie de notre monde intérieur qu'il nous faut domestiquer si l'on veut avancer vers la connaissance et vivre dans la quête des valeurs universelles. C'est une aventure intérieure, celle de l'ombre vers la lumière.

 

C'est la beauté intérieure de l'âme, symbolisée par ses deux chevaux que le gaucher doit dompter s'il veut conduire son char, gagner la voûte céleste et l'immortalité. Mais comment cultiver son âme ? Le corps doit être bien traité, nourri et tempérant, sans addiction.

 

L'esprit doit se débarrasser des tourments dus au culte de l'avoir et aux passions destructrices comme l'amour de la chair, dans la sexualité effrénée, dans la jalousie et la haine. L'esprit se nourrit des savoirs, de la culture, des progrès de la science, de la recherche, des activités de l'art, qui sont les productions du désir sublimé mis en valeur par Freud. Alors l'âme prend de la hauteur, comme si elle était ailée et participe à la connaissance d'une autre réalité inconnaissable dans notre vie terrestre.

 

Dans la séance d'hypnose, grâce à la présence du praticien à sa voix, à son logos, le sujet descend lui-même, modifie son état de conscience et à son insu se connecte à son inconscient, qui est, selon Erikson, le réservoir de ses ressources et le lieu de son propre pouvoir. Au-delà de la relaxation profonde du corps, il a donc accès à ses ressources insoupçonnées et peut ainsi trouver son sens, un sens à son existence, ce qui en fait la valeur, ce qui en fait le prix. Mais c'est rarement une seule séance qui donnera au consultant le plein pouvoir sur ses désirs.

 

Mais le chemin commence et se poursuit par étapes successives, avec des défaites et des victoires, avec les doutes et l'espérance de quitter l'ombre pour la lumière. L'homme épanoui se construit sur trois plans. Le corps, l'intelligence ou conscience et la reconnaissance de l'âme, c'est-à-dire d'une transcendance, d'un dépassement de l'individualité et de la matérialité.

 

C'est l'avènement de la spiritualité qui défie les machines, les super-robots, les humanoïdes, incapables d'armes. Henri Bergson demandait pour notre civilisation un supplément d'armes. C'est ce que les thérapeutes peuvent apporter à notre société désorientée et violente, attirée par les écrans et les robots, toujours aux formes de plus en plus humanoïdes.

 

Un autre texte de Platon s'impose à notre esprit. C'est l'allégorie de la caverne de Platon dans la République, livre 5, 7, pardon, une autre allégorie. Dans la caverne, depuis l'enfance, des hommes sont prisonniers.

 

Le mur en face d'eux est comme un grand écran du cinéma. Ils ne voient que ce qui est devant eux. Toute leur vie, ils la passent à regarder les reflets qui défilent.

 

Les objets, les hommes, ils entendent les voix. Les reflets, les ombres, reviennent d'un feu placé derrière eux. Chacun se dispute pour gagner des médailles, des honneurs, en jouant avec ces ombres qui s'agitent devant eux.

 

C'est la préfiguration de notre monde d'aujourd'hui. Cinquième siècle avant Jésus-Christ, aujourd'hui, un grand pas. C'est la préfiguration de notre monde d'aujourd'hui, comme celle de la Grèce, de Platon.

 

Un homme réussit à se détacher et à sortir de la caverne. Il est surpris par l'ouverture de la caverne et par la lumière qui vient du ciel, du soleil. Appris à voir, était brusquement ébloui, aveuglé.

 

Ses yeux découvrent le chemin éliminé par le soleil. Le chemin escarpé monte vers le ciel des idées, le beau, le vrai, le bien. Il comprend que le monde de la caverne où nous sommes n'est qu'une illusion et une prison.

 

La prison de l'homme. L'homme qui a su contempler le monde intelligible de la réalité revient pour délivrer ses anciens compagnons incrédules. Mais il risque sa mort.

 

Socrate n'a-t-il pas été condamné à boire la cigule ? Et tout naturellement, la mort d'un être aimé questionne le survivant. Nous avons, en tant que hypnothérapeute, thérapeute, psychothérapeute, le devoir d'aider l'être en deuil.

 

Mais comment ? C'est cette démarche qui m'a conduite à utiliser la métaphore d'une charrette plus à la portée de notre contemporain, de nos contemporains. Et ce compte permet à chacun de développer la force vitale, l'espoir d'une vie après la rupture de la vie de l'être aimé.

 

C'est le bienfait que ce compte a eu sur le patient endeuillé qui m'a poussé à reprendre ce compte avec des variantes dans d'autres entretiens nombreux, thérapeutiques. Voici en résumé le compte, et vous avez la totalité sur le site, la charrette. Un promeneur, sans aucun projet, découvre au loin une charrette conduite par un cocher et tirée par deux chevaux, l'un noir et l'autre blanc.

 

Il comprend que l'attelage est en difficulté. Il va aider le cocher. Il s'aperçoit que le cheval noir est en très mauvaise santé et qu'il ne peut plus continuer la route.

 

La charrette déséquilibrée ne peut plus avancer. Le cocher et le promeneur détachent alors le cheval et le mettent dans une prairie où il sera veillé par un berger, propriétaire du champ. Ils reprennent la route.

 

Ils ne font plus qu'un. Un lien s'est consolidé entre eux. L'attelage a pris de la rapidité.

 

Le paysage magnifique se découvre. Au loin, l'église entourée des maisons apporte l'espoir aux voyageurs. Le corps est représenté par la charrette elle-même.

 

Les désirs, les émotions louables et la force vitale sont représentés par le cheval blanc. Le cocher dirige l'ensemble grâce à son intelligence, son esprit, sa raison, son savoir-faire. Tout est devenu harmonieux depuis que le cheval noir a été mis à l'écart.

 

L'attelage peut atteindre un havre de paix, rencontrer les villageois, les femmes, les hommes, les enfants, les animaux, l'humanité bienfaisante et heureuse d'être en vie et partager le meilleur de la vie, les manifestations d'amour. Chacun peut y voir des images, des symboles qui font appel à l'inconscient personnel et collectif. Le cheval noir peut représenter le défunt, mais aussi tout ce qui alourdit la vie, qui nous empêche d'être heureux, d'avancer et de poursuivre des objectifs bénéfiques.

 

Pour certains, le cheval noir représenterait les maladies de l'âme, les forces mauvaises de notre nature, la dépression, les passions destructrices, les addictions, les pensées obsédantes dont nous devons nous débarrasser pour retrouver la force vitale, pour se dépasser, pour vivre heureux. Le patient a pleuré. Il s'est senti soulagé d'un poids énorme qu'il ressentait dans sa poitrine.

 

Elle était présente, sa femme était présente. J'ai pu lui parler, lui dire au revoir. Nous ne commentons pas la séance.

 

Nous préservons l'essentiel après une séance de ce type. Nous laissons le travail de l'inconscient qui vient de commencer et qui va se poursuivre les jours et les nuits suivants. Et les nuits, en effet, car la séance va peut-être favoriser des rêves pour alléger ce deuil.

 

Une rencontre avec le défunt les jours suivants sont fréquentes. Et le comportement dans la vie quotidienne change. Dans ce cas précis, cet homme a pu retrouver des liens affectifs avec ses enfants et sa nouvelle femme.

 

Il a retrouvé le goût de la vie et le droit de survivre à sa disparition. Dans les trois séances suivantes, il a pris conscience du changement, d'une envie de progresser dans la vie, d'une envie d'être heureux. Cette métaphore a été un levier de changement.

 

Dans l'écoute du conte, la relation thérapeutique a dépassé le corps et l'esprit. La connexion s'est faite d'âme à âme. Je pourrais dire même que la défunte était présente entre ce qu'elle avait d'unique et d'irremplaçable.

 

Je notais qu'il n'y a pas eu un adieu définitif. Dans notre inconscient collectif, une part de nous-mêmes est immortelle. C'est ce qu'on appelle l'âme.

 

C'est une flamme, une énergie qui ne s'éteint pas avec la disparition du corps et de l'esprit. Effet de croyance peut-être, en dehors des dons, en dehors des religions. C'est une étincelle qui nous permet de se dire que le meilleur de nous-mêmes ne meurt pas.

 

En conclusion, au terme de cette conférence que je qualifierais plutôt d'entretien, j'aimerais vous dire combien je souhaite que la totalité de mon être, c'est-à-dire ma personnalité, corps, esprit, âme, soit prise en compte et reconnue dans cet instant que nous vivons ensemble, comme je reconnais chacune et chacun d'entre vous, dans leur unicité et singularité. À la question qu'est-ce que l'âme ? Je ne répondrai pas que je connais la réponse.

 

Je pose la question et j'ai donné mon éclairage. Je ressens cet élément essentiel en chacun de nous. Ma pratique en psychothérapie dans les séances, il me semble non seulement aider le patient à se détendre dans son corps mais encore à fortifier son désir de connaissance de lui-même.

 

Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux, dit Socrates. Le hypnose est une expérience hors du temps et de l'espace. L'expérience de la dissociation peut aider à ressentir ce que la vie trépidante, l'excès de travail, de stress psychologique, l'appât du bien, ne peuvent que ruiner la santé et vider l'âme de sa substance.

 

Se poser la question de la valeur de la vie depuis la pandémie du Covid est devenu une question essentielle.