Ghylaine Manet
Formatrice en sophrologie, psychanalyste, psychopraticienne FF2P, certifiée EMDR Europe et hypnose Ericksonienne, auteure, conférencière
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Conférence à la Société Française de Sophrologie le 13 Décembre 2009

Écrit par Ghylaine Manet le 3 Juillet 2025

 

Texte de la conférence (30 premières minutes)

[Intervenant 2]
Comment on fait pour visionner les photos ? J'aimerais visionner les photos. Comment je fais pour la voir, ma photo ?
 
Parce que je crois qu'elle n'est pas super. Tu vas sur info, à gauche. Ah ouais, c'est flou, hein ?
 
En plus, Guylaine, elle a sa main devant la... Elle est toute petite, la Guylaine. Elle est toute petite, Guylaine, oui.
 
Elle grandit, c'est un peu... Alors là, il y a le barobable. Elle va se lever ou pas ?
 
Elle est toute petite, Guylaine.
 
[Intervenant 1]
Ça fait quelques années. Quelques poussières d'années.
 
[Intervenant 2]
Je vais laisser la parole tout de suite. Merci à vous.
 
[Intervenant 1]
Alors, bonjour à tous. Un bonjour ensoleillé de la Nouvelle-Calédonie, de Nouéa, vous venez bien. 24 heures d'avant.
 
Merci d'être présent, alors qu'il fait si froid dehors, qu'on est dimanche, et qu'il fait bon coucouner dans une douce chaleur dominicale. Je ne vous parlerai pas des ados qui dansent sous les ponts. Oui, quelqu'un dit ?
 
Il y a un problème ? Vous voyez le barobable et le cagou. Le barobable, référence au Petit Prince, je vous expliquerai tout à l'heure.
 
Et le cagou, qui est l'oiseau de Nouvelle-Calédonie, l'emblème. Et vous allez voir en quoi. C'est une métaphore.
 
Je ne vous parlerai pas des ados qui dansent sous les ponts et ont rejoint les centres spécialisés de la délinquance et de l'exclusion. C'est bien ? Pardon ?
 
C'est beaucoup trop fort. Ah, c'est parce que j'ai une croix déjà de 30 mètres, alors c'est bon. Je suis professionnelle en théâtre, j'ai fait de la tragédie 30 mètres.
 
Là, c'est une autre tragédie. Comment ? Parlez sans micro.
 
Ah, vous préférez parler sans micro ? Vous êtes dans une article de Sophologues. Voilà, exerçant dans un cabinet libéral que je vais présenter les cas aujourd'hui.
 
Ce sont des consultants qui ont accepté de parler de leur mal-être, de leur angoisse et de leurs difficultés. Des parents et des adolescents qui éprouvent leur souffrance et qu'ils expriment devant la caméra dans l'espoir que leur témoignage va servir aux autres à sortir de l'impasse dans laquelle ils se trouvent. Les techniques de sophrologie permettent d'arrêter le processus répétitif des comportements inadaptés à la situation et de mettre en mouvement un retour à la vie sociale, d'arrêter l'exclusion, de reprendre la réinsertion dans les études ou dans le travail.
 
Quand le cadre de mon intervention ne suffit pas, évidemment, je dirige les personnes vers des services spécialisés qui prennent le relais. La sophrologie est une philosophie, un art de vivre. C'est aussi une approche thérapeutique, globale, qui développe la créativité et l'imaginaire.
 
C'est une ouverture de conscience qui permet de mieux se connaître, d'accepter autrui et de s'adapter aux difficultés. Voir au traumatisme affectif et émotionnel qui gêne la vie. Kim, Laurent, Sam, Aurélien, Armand, Bernard, Amandine se sont arrêtés un temps sur le bord de la route.
 
Ils ont pris un chemin de traverse. Ils ont emprunté des sentiers où ils ont pu se cacher quelques mois, voire plus d'une année. Ils ont rejoint d'autres intérégaux, habillés de la même manière, utilisant un même code pour communiquer.
 
Cela les ont incités à prendre un alcool, un joint ou tout autre produit nocif et illicite. Ils ont cru trouver une libération et l'amitié exclusive d'un groupe où il n'est pas besoin de se prouver quelque chose. Ils ont ressenti un peu de chaleur humaine.
 
Coude à coude, ils ont capté des regards accueillants, des sourires de complicité. Et pendant un temps, cela peut suffire à penser les blessures, à s'anesthésier et à oublier sa solitude et à croire à quelque chose de différent. J'ai donné à cette communication le titre, le Baobab et le canon.
 
Vous allez comprendre pourquoi. Vous vous souvenez certainement du Baobab qui donna tant de soucis au petit prince de Saint-Exupéry. En effet, depuis quelque temps, il s'extasiait devant les petites pousses vertes qui envahissaient sa planète.
 
Mais c'était les mauvaises herbes. Et un jour, sa planète devint inhabitable. Un Baobab avait pris toute la place.
 
Et je me rappelle de ce père qui se plaignait de son fils, Kim, âgé de 16 ans qui avait envahi le salon depuis plus d'une année. Sa PlayStation, ses CD traînaient partout et dès qu'il y rentrait, il aigrainait ses affaires dans les pièces communes. Sa chambre était devenue un taudis puant le tabac.
 
Personne n'y entrait. Il y invitait ses copains qui avaient l'air d'apprécier. Cependant, le jeune homme ne comprenait pas que ses parents étaient sans cesse à le mouspiller car il se sentait chez lui, partout, et régnait en maître depuis sa préadolescence.
 
Les parents exerçaient de lourdes responsabilités, s'occupaient peu de leurs deux garçons. La femme de ménage tentait de mettre un semblant d'ordre à chacun de ses passages. Et la famille vivait ainsi, cas à cas.
 
La thérapie de Kim prit ce problème très au sérieux. Ce manque de respect de soi-même et de l'autre rendait la vie infernale. Le père s'excusait de ses pensées sur son fils.
 
« Est-ce normal que je commence à détester mon fils, madame ? Je le vois de plus en plus monstrueux dans sa manière de nous éliminer. Sa mère lui laisse tout faire.
 
Elle a peur de le traumatiser par des interdits qu'elle est incapable de tenir. Je n'ai aucune influence sur lui. Je donne de l'argent de poche.
 
Mais c'est tout. Sans arrêt, il se fait faucher ses affaires. À mon avis, il les vend pour sa consommation personnelle de cannabis.
 
Il est nerveux et rien ne le touche. Et de temps en temps, il fait des crises. Le temps de décider de son avenir se pose très bien devant nous.
 
Que faire, madame ? » Les parents s'angoissent sur l'avenir de leurs adolescents, mais l'ado, lui, s'angoisse de grandir. Il a peur de la vie.
 
Il ne sait pas ce qu'il pourrait faire pour combler le vide de son existence. Rien ne semble l'intéresser. Chez papa ou chez maman, le gîte et le couvert sont assurés.
 
Il est de plus en plus difficile à l'adolescent de prendre son envol. Il reste dans sa chambre, voire dans son lit, à l'écart, à l'abri. Il quitte la nuit le lit des parents.
 
Il investit les quartiers et rejoint une banque qui lui sert à nouveau de nid de protection contre tout ce qui est famille et société. C'est un oiseau étrange qui m'a fait penser à un cagou. Cet oiseau est en voie de disparition.
 
Il est en Nouvelle-Calédonie. Sa particularité, c'est qu'il ne peut plus voler de ses propres ailes. Sa nourriture a toujours été à portée de son bec.
 
Il n'avait donc aucune raison, aucun besoin de faire des efforts. Les muscles de ses ailes se sont atrophiés au fil des années. Il est maintenant en danger, à la merci des chiens errants, et incapable de se défendre, de se protéger et de voler en toute liberté.
 
L'ado jongle entre deux mondes. Il peut facilement mentir, il en joue. Il peut chaparder pour se procurer de l'argent.
 
Il trafique ses objets personnels, ses vêtements, ses produits illicites. Le monde est devenu peu à peu un pays ennemi, hostile, absurde, dont il faut se méfier et où il joue à prendre des risques. Et nous, en tant que thérapeutes, nous faisons aussi partie de ce monde-là.
 
Il nous faut des trésors de patience et d'empathie pour gagner sa confiance. Je me souviens d'un jeune homme de 18 ans, Laurent, qui ne quittait plus sa chambre. Les égoutteurs sur les oreilles, il fumait ses joints, sept, huit par jour.
 
Il ne savait plus combien. Il était dans l'incapacité de se rendre au rendez-vous à l'heure convenue. Il avait des tocs de plus en plus nombreux, mangeait peu, dormait mal.
 
Dans une séance où je lui demandais ce qu'il pouvait attendre de mon aide, voici ce qu'il me dit. Demande à maman qu'elle me fasse la donation du studio où je pourrais vivre le restant de ma vie, heureux, entre ma musique et ma fumette. Je n'ai pas besoin de grand-chose.
 
De temps en temps, un petit boulot, il y en a toujours pour me dépanner. J'ai toujours un copain pour ça. Je l'ai adressé à une équipe spécialisée qui a soutenu le travail individuel que j'ai fait avec l'universophrologie.
 
Aujourd'hui, il est tiré d'affaires, comme Laurent. Et là, vous allez voir, parce que c'est bien de parler, mais les voir et avoir une habitude, voilà la difficulté d'expression de Sam que nous pouvons écouter maintenant. Il a 16 ans.
 
C'est un premier entretien. Il est en ce moment en rupture scolaire. Ayant été expulsé d'un lycée, les parents tentent de le faire admettre dans un autre établissement.
 
Ce n'est pas facile, car il a été dernièrement interpellé par la police. Il est considéré comme passeur intermédiaire entre le consommateur et le dealer. Vous entendrez également de courts extraits de l'entretien de sa mère.
 
Et voici ça. Qu'est-ce que tu nous reproches ? Qu'est-ce qu'il y a ?
 
Qu'est-ce qu'il me plaît ? Ça va. Ça pourrait être mieux.
 
Et en quoi, ça pourrait être mieux ? Je ne sais pas.
 
[Intervenant 2]
Je ne sais pas comment...
 
[Intervenant 1]
Parfois, j'ai l'impression d'être trop bête. Et t'as dit ?
 
[Intervenant 2]
C'est du genre... Parfois, j'ai l'impression que ça me dérange. Comme ça, c'est pas très bien.
 
Et puis, monsieur... Enfin, je parle de mon père, c'est pas... C'est de l'intérêt comme ça qu'il s'en fiche.
 
[Intervenant 1]
Tu aimes quoi, alors, à cause de l'alcool ?
 
[Intervenant 2]
Je ne sais pas.
 
[Intervenant 1]
Alors, le cannabis. Il y a des gens entre toi qui t'ont aidé. Quand est-ce que tu as pris le premier joint ?
 
Est-ce que c'était il y a 8 ans, 9 ans, 10 ans ? En quatrième. En quatrième.
 
C'est ça. C'était au Galicia. En Argentique.
 
Ah oui, c'est très commun, disons en Argentique, pour ça. En quatrième. Et c'est un dealer extérieur ou c'est des copains ?
 
C'est des copains. Et quelle a été ta première cigarette ? Comment ça s'est passé ?
 
Comment ça s'est passé ? Ah non, alors, qu'est-ce que... Non, cigarette, pardon, désolé.
 
Ton premier joint. En quatrième. En quatrième.
 
Comment ça s'est passé ? Je n'ai rien senti. Tu n'as rien senti ?
 
Et alors, tu as continué à en prendre ? Oui. Hein ?
 
Non ? C'est surtout en seconde. Ah, c'est surtout en seconde que tu as fumé le joint et la cigarette.
 
Tout à la fois. Et qu'est-ce que ça te donne comme effet ? Ça, je ne sais pas.
 
[Intervenant 2]
Je ne sais pas, il y avait... Tu vois, ce n'est pas trop explicable.
 
[Intervenant 1]
Oui, c'est ça. C'est ce qu'on dit. Oui.
 
C'est ce qu'on dit, ça calme. Là, est-ce que tu sens que tu bouges beaucoup ? Oui.
 
Et est-ce que c'est fréquent ? Oui, c'est fréquent. Oui.
 
Est-ce qu'avec le cannabis, ça te calme ? Tu ne bouges plus ? Non.
 
Et tu ne sais pas qu'il y a peut-être le moyen de prendre le cannabis ? Le cannabis ? Lorsqu'on parle de rupture sociale, on n'évoque que l'évitement de la vie quotidienne sous toutes ses formes.
 
Toutes les jeunesses expriment le désaccord entre les aspirations d'un monde meilleur, le désir d'un monde plus juste et le spectacle de cette société que les adultes ont construite avant eux. Basé sur les rythmes de travail, sur la notion de l'argent, de la consommation à outrance, très souvent inutile, mais qui recouvre une réalité économique et sociale. Le raisonnement est tout simple, il n'est pas neuf.
 
Nous avons tous fait le même constat dans notre adolescence. En 68, les mouvements libertaires ont fait fleurir le plateau du Larzac par un bon nombre d'intellectuels, deux fils de bourgeois qui s'en sont allés découvrir la nature, l'agriculture et le communautarisme, loin des lobbies économiques destructeurs de la vraie vie. Beaucoup en sont revenus.
 
Notre société est mise à mal par l'adolescent rigide. C'est du tout ou rien. Ses jugements sont à l'emporte-pièce.
 
Il sait peu de choses, car il a beaucoup à apprendre, mais il le refuse. C'est qu'il est le reflet de notre société et du quotidien dans lequel il vit. Il est dans le virtuel, dans l'image, dans la communication via Internet.
 
Il perd le contact avec la réalité. Il préfère les jeux et les écrans. Il a du mal à vivre de vraies rencontres.
 
Qu'a-t-il vécu depuis sa naissance ? Que sait-il du monde extérieur ? Quelle lecture ?
 
Quel documentaire ? Vous allez bientôt voir la vidéo 2 sur le lien social d'Aurélien. Quels amitiés a-t-il créé ?
 
Quelle ouverture a-t-il sur la vie ? Quelles sont les fréquentations qu'il a subies pendant toute son enfance ?
 
[Intervenant 2]
J'ai envie de fumer après, car je m'embête tellement dans ce genre de travail. J'ai des traces tellement lourdes devant la tête. J'aime dépressif.
 
Je suis content d'entrer chez moi, de me mettre sur mon jeu, de rencontrer des gens avec qui j'aime bien m'amuser, de me détendre avec des barbes et un petit film. C'est pour ça que j'aime bien fumer. C'est une autre manière de détendre l'affaire.
 
C'est un résultat de moi. C'est comme la personne dépressive qui va au bar, qui se soumet pour oublier tout ça. Ce n'est pas la meilleure solution.
 
Que faisiez-vous chez vous ? Je faisais du social. Quand je fumais une cigarette, les gens se rejoignaient entre eux, les fumants se rejoignaient entre eux et discutaient ensemble.
 
La cigarette faisait mal. Pour moi, c'était ce que donnait la cigarette. Le genre de travail, c'était un groupe de personnes qui étaient avec des institutions plus ou moins philosophiques, ou plus ou moins délirantes.
 
Et tout le monde se rejoignait avec la calédonie. C'était assez intéressant, c'était bien.
 
[Intervenant 1]
Et là, tu n'avais pas le sentiment de l'interdiction ?
 
[Intervenant 2]
Non, il y avait toujours ce sentiment d'interdiction. Ce que j'aimais bien faire, c'était être caché. Me cacher à chaque minute par an, tout faire pour ne plus sentir la cigarette, ne plus avoir les yeux rouges, ne pas avoir rire.
 
J'aimais bien essayer de me contrôler pendant que j'étais sous l'effet du cannabis. C'était une des sessions que j'aimais le plus, me contrôler alors que j'étais en réveil. C'est bien, c'est bien joué, c'est marrant justement.
 
Et c'était ce sentiment de... Je ne sais pas, il ne faut pas le mot encore dire, mais c'était de tromper, de buter mes parents de cette manière.
 
[Intervenant 1]
L'adolescent n'est jamais seul. Personne ne s'est formé seul. C'est cette interrelation avec l'autre qui nous marque et nous pousse à agir dans un sens ou dans un autre.
 
C'est l'autre qui aide à nous construire ou à nous détruire. Ou les deux ensemble. Que vivent les parents ?
 
Que lisent-ils ? Que disent-ils ? Quelles sont leurs valeurs, leurs habitudes ?
 
Qu'ont-ils pu laisser passer dans leur discours sans s'en rendre compte depuis la naissance de leurs enfants ? L'ennui du quotidien, les disputes, les avis contre la société, contre l'autorité de l'école, contre la valeur des diplômes. Je n'ai pas de diplôme moi, et puis je travaille et je réussis.
 
Si mon père n'a pas de diplôme, moi je n'en ai pas besoin, bien sûr. La dévalorisation des individus, la tolérance exprimée, et combien d'autres paramètres dont on n'a aucune idée. Quelles sont les habitudes et les avis des parents perçus par les enfants eux-mêmes et qui modèlent leurs actes, leurs pensées, leurs comportements ?
 
Les parents de ces ados en rupture, ont-ils été sécurisants ? Ont-ils été castrateurs, captateurs, générateurs d'angoisse ? Quelle est la nature du lien qui les unit ?
 
Ont-ils exprimé leur amour, leur tendresse par des gestes affectueux ? Ce n'est pas la peine que je le dise, puisqu'ils le savent que je l'aime. Si, il faut le dire.
 
Moi je n'ai pas l'habitude parce qu'on ne m'a jamais dit avoir. Des messages valorisants par des paroles de soutien dans les forts, par des récompenses et des conseils, et par des blâmes justifiées qui donnent la règle. Où ont-ils été si occupés, si perturbés par leur propre angoisse ou leur propre stress d'une vie quotidienne difficile et d'un travail épuisant qu'ils n'ont trouvé comme signe d'attention à leur donner que l'argent de poche, les achats de vêtements du dernier look, ce qui leur a permis au moins de sauver la face et de cacher les fissures de l'âme.
 
Et nous trouvons la culpabilité de l'âme, de s'affronter. Avec un sentiment de culpabilité très fort, et j'ai toujours le sentiment de n'être pas précisément une bonne mère à lui. C'est-à-dire que je n'aime pas du tout être grossière.
 
Grossière, c'est vraiment du naturel. Ça fait deux mois qu'on a été jusqu'à la recherche du cannabis. C'est la séparation qu'on a vécue, que lui a particulièrement vécue.
 
On parlait de communication réelle, supposée. C'est vrai qu'on a eu le sentiment, quand on s'est séparés, qu'on avait expliqué les choses de telle manière qu'il puisse comprendre ce qui se passe. Il ne nous a pas nécessairement posé de questions.
 
Donc on a eu le sentiment qu'on avait accepté cette situation, même si on lui disait qu'il n'avait pas toutes les raisons, qu'il ne voulait pas que les choses changent, etc. Mais on avait le sentiment qu'il respectait la méthode qu'on avait choisie. Et en fait, on s'est rendu compte, il y a quelques mois seulement, à un moment extrêmement difficile, puisque nous sommes allés voir un gérant.
 
Il a été repéré comme quoi ? Comme fumeur ou comme dealer ? Comme fumeur.
 
Pas comme dealer. Suspicion. Suspicion.
 
De passeur au moins. Passeur. De passeur.
 
C'est-à-dire celui qui est entre l'intermédiaire, entre le vendeur et celui qui demande du cannabis. Alors je ne crois pas qu'il le fasse, c'est peut-être naïf de ma part, mais je ne crois pas nécessairement qu'il le fasse pour de l'argent. Je pense qu'il le fait pour rendre au service qu'il a, qui est celui qui l'a entraîné dans cette aventure.
 
C'est à la vie et à la mort. Vraiment. Vraiment.
 
Et ça, c'est des biens qui sont tellement forts, tellement... Il se craigne par rapport à ces risques. La vie, c'est le risque.
 
C'est accepter les essais, les erreurs, voir les échecs et les souffrances qui les accompagnent. On a voulu tout épargner aux jeunes pour ne pas les voir souffrir. Aujourd'hui, il n'y a plus de risques pour beaucoup d'adolescents.
 
J'ai reçu dans mon cabinet à un jeune homme qui avait raté son bac. Il vivait dans un milieu aisé. Brusquement, il s'est mis à pleurer.
 
Non pas à cause de son échec, mais parce qu'il venait de recevoir 200 euros pour le consoler. Il s'est senti très dévalorisé. Mais même si j'échoue, on me récompense.
 
On me traite comme un gosse. Peu importe pour eux si je réussis ou si j'échoue, ils n'en ont rien à faire. Ils veulent juste que je me taise, que je ne pleure pas.
 
Ils ne m'écoutent pas. Il ne faut pas que je dérange. Je suis aminable.
 
Mon père, d'ailleurs, me le dit toujours. C'est vrai que je dénote dans la famille. Ils ont tous des super métiers.
 
Avocat, médecin, chirurgien, etc. Ils ont fait des études. Ils sont assez riches pour me payer jusqu'à la fin de ma vie.
 
Mon studio, ma nourriture, ma voiture, etc. Je ne vaux rien. Ce n'est pas leur problème.
 
Ce n'est pas leur problème. Alors là, vous écoutez, une mère...
 
[Intervenant 2]
Je n'ai pas la vidéo du fils.
 
[Intervenant 1]
Je l'ai vue dehors, mais en fait, à un moment, il vivait essentiellement chez son père. Et chez son père, ils étaient violents, verbalement parlants, par les gestes, etc. C'est-à-dire les gestes, l'envie des gestes.
 
Ils se tapaient dans les enfants. Ils se tapaient dans les enfants. Est-ce que le père tapait un doigt ?
 
Euh... Le père, non. Je ne pense pas.
 
En fait, l'enfant ne m'a jamais parlé. Par contre, la femme qui vivait avec lui, le tapait par les mots. Parce qu'elle a vraiment un problème relationnel important avec les hommes.
 
Et... Elle l'éliminait en permanence. Qu'est-ce qu'elle lui disait ?
 
Elle lui disait... qu'il était un sale gosse. Et il l'a vu.
 
Donc, c'est... On avait 7 ans comme ça. 7 ans.
 
Et vous l'aviez...
 
[Intervenant 2]
Ah oui, bien sûr, deux.
 
[Intervenant 1]
Vous n'aviez pas la garde. Non, je n'avais... En fait, c'est un commun accord.
 
On ne voulait pas séparer deux enfants. Ma fille est née, quand on a eu cette séparation, je l'ai née, c'est déjà un peu douce, car les comportements quand son père partait étaient terrifiants. Dès que son père partait, à 3 ans, elle se levait par terre, elle se faisait vomir, elle hurlait, elle était en...
 
Une crise sérieuse. Donc, je l'ai née chez un pédopsychiatre qui a suivi pendant 5-6 séances. Et qui, dans ces séances, a dit, écoutez, regarde, je suis désolée de vous dire ça, mais votre fille a une profonde envie de vivre à son terre, malgré son âge.
 
Donc, c'est une décision qui vous impond. Donc, soit vous continuez comme ça, mais vous allez avoir un peu de difficulté dans l'éducation de votre enfant. Soit vous décidez, en fait, de donner l'éducation de votre fille auprès de votre mari.
 
Mais pour moi, les enfants doivent tellement subir un choc émotionnel à la suite de cette rupture que je n'ai pas voulu les séparer parce qu'ils étaient très très proches. Donc, j'ai demandé à mon ex-mari de prendre les deux enfants. Pour Bernard, un autre cas, aujourd'hui ingénieur brillant de 23 ans qui s'ennuie dans sa vie et n'a pris aucun engagement sérieux.
 
Il vit une vie affective, pauvre d'attachement. Il n'a pas d'envie. Le travail est son seul ancrage.
 
Pourtant, il ne trouve aucun intérêt. Il se sent à côté, en rupture sociale. Ses relations avec ses collègues sont minimalistes.
 
Il ne trouve pas sa place dans le monde des adultes alors qu'il s'est conformé à toutes les règles. Il se sent imposteur. Depuis son enfance, il a fait ce qu'on lui disait de faire.
 
Il a évité le conflit avec une mère très fusionnelle, étouffante. Il admire son père qu'il n'a jamais eu de temps à lui offrir. Cet homme, son père, à 60 ans, retiré des affaires, enfin, commence à parler à son fils.
 
Bernard devrait être heureux. Il s'ennuie. Pour préserver les jeunes d'une dérive marginale et libertaire, les parents les couvent et leur fixent des règles rigides.
 
Et l'oiseau, le cagou, ne peut plus voler. Il ne peut pas s'engager dans la vie. Les relations amoureuses sont difficiles.
 
La communication avec les autres n'apporte aucune sécurité. Il a perdu le contact avec lui-même et ne sent plus le désir de la liberté. Je dirais qu'il a peur de la liberté.
 
La vraie rupture, c'est la rupture d'avec soi-même. Beaucoup d'ados sont des cagous. Ils restent collés à la terre et ne cherchent pas la nourriture, ni matérielle ni intellectuelle, puisqu'elle est toujours à la portée de son bec.
 
Les ailes sont devenues superflues. La déception d'un premier amour est aussi une cause de la rupture de confiance envers l'être humain. L'échec amoureux est une des premières gifles de la vie.
 
La perte de l'objet d'amour dans ces premiers matins où l'on croit à la beauté du monde, à l'avenir, aux valeurs de justice, de vérité et de bien. À l'aube de la vie, alors qu'on donnerait son âme, on découvre la lâcheté, la cupidité, la trahison. Certains se sont tués, de nombreux suicides que vous connaissez et que j'ai eu autour de moi, heureusement pas de mes ados.
 
D'autres, comme Fabien, ne se sont pas remis. Il fuit les relations, il a perdu toute illusion sur les femmes, il a été humilié et bafoui devant ses copains. Il ne l'accepte pas, car il n'a été pas préparé dans son éducation à ce type d'échec.
 
Et il s'est réfugié dans un sport à haut risque. Il est surfeur de très haut niveau, que j'entraîne, et il vit en marche. J'entraîne en sophologie, et il vit en marge de la société.
 
On ne sait pas à quoi. Justement, ça tombe après, Vidéo 6, les relations amoureuses de Arnaud. Il voudra bien faire amour.
 
Il a cherché l'amour avec une femme volcanique. C'est toujours par la mère que je le sais. Il a cherché l'amour avec une femme volcanique.