Ghylaine Manet
Certifiée EMDR Europe et hypnose Ericksonienne, psychopraticienne FF2P, psychanalyste, formatrice en sophrologie, auteure, conférencière
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Interview sur ITV Caledonia

L'interview se passe à la Faculté Européenne de Sophrologie Analytique et Comportementale (FESAC) agréée par la Société Française de Sophrologie depuis 1966. L'interview dure 1 heure et Ghylaine Manet donne pendant cette heure tous les points essentiels a aborder en sophrologie ainsi qu'une partie de son histoire.

Écrit par Ghylaine Manet le 20 Janvier 2025

Interview sur ITV Caledonia

 

Texte de l'interview (Les 30 premières minutes)

Animatrice:

Merci, Ghylaine, de nous recevoir. Alors, où on est, là ?

 

Ghylaine Manet:

Là, vous êtes dans la salle de groupe de l'école de sophrologie FESAC, c'est-à-dire la fameuse école française de sophrologie française et analytique, comportementale et analytique. Fédération, là, c'était la faculté européenne de sophrologie, c'est un peu complexe, comportementale et analytique. Analytique et comportementale, FESAC.

 

Alors, cette école, c'est une école qui a été fondée par Jean-Pierre Hubert avec moi en 1999. C'est une annexe de Paris, faculté européenne de Paris. Lui, il a travaillé à Paris à partir de 1971.

 

C'était la première école de sophrologie, c'est pour ça que j'ai demandé à Jean-Pierre si je pouvais créer ici, à Nouméa, la faculté européenne de sophrologie en annexant analytique et comportementale. Donc ici, depuis 1999, ça fait donc 20 ans, il y a à peu près en tout environ 400 élèves qui sont passés. Ici, tous les anciens sophrologues, il y a un groupe de sophrologues qui a fait aussi, qui a souché une école sur une autre.

 

Tous les anciens sophrologues, c'est nous qui les avons faits. Jean-Pierre venait tous les 6 mois et moi, toutes les semaines, je travaillais les cours qu'on faisait tous les 6 mois. Et en même temps, c'est une salle où je reçois aussi l'Institut d'Hypnose Ericksonienne.

 

Animatrice:

Parce que tu as plein de casquettes. Alors, je vais dire, j'ai pris ta petite carte parce que tu fais tellement de choses. Alors, tu es psychanalyste, hypnothérapeute, praticienne en EMDR, sophrologue-analyste, thérapeute de couple, auteur, conférencière et formatrice.

 

Mais aujourd'hui, nous, on va se concentrer sur la sophrologie. Vaut mieux parce qu'une émission, ça ne suffirait pas pour parler de tout ce que tu fais. Alors, pour commencer, c'est quoi concrètement, pour faire court, la sophrologie ?

 

 

Ghylaine Manet: 

C'est un art de vivre.

 

C'est d'abord une philosophie de vie qui a comme racine la philosophie indienne et bouddhiste. Puisque les exercices que vous avez vus tout à l'heure dans une relaxation dynamique, ce sont des exercices issus des ashrams hindous. Donc, environ 1000 à 2000 ans avant Jésus-Christ.

 

Ces gestes d'ailleurs sont repris dans les sports martiaux, vous les reconnaissez.

 

Animatrice:

Oui, tu parlais du karaté, j'en ai fait d'ailleurs.

 

Ghylaine Manet: 

Et alors, ça c'est pour libérer la colère. On se sent bien, on libère la colère.

 

Parce que pour moi, la colère, il faut s'en libérer. Le bien-être, c'est d'être sans colère et d'être avec amour. Bon, ça c'est le bouddhisme, bienveillance et amour.

 

Sophrologie, ce sont les racines, Sos, Phren, Logos, qui ont été donc agencées, c'est ce qu'on appelle la néologie, c'est-à-dire un nouveau mot qui maintenant est courant, agencée par un prof de grec en 1970 par Caycedo, Alfonso Caycedo qui était un neuropsychiatre de Barcelone.

 

Animatrice:

On en parlera après, tu vas plus vite que la musique. 

 

Ghylaine Manet: 

La sophrologie, si tu veux, c'est retour au corps, globalité de la personne, corps-esprit et en même temps, gestion du stress en plein stress. Pas seulement sur un tapis dans une méditation, en plein stress, c'est-à-dire dans une entreprise, dans une école, dans un hôpital, contre la douleur, contre tout.

 

Animatrice:

Avant, il y avait justement une petite séance avec tes élèves. Tes anciens élèves, ça se passe toujours comme ça, les séances ?

 

Ghylaine Manet: 

Oui, mais ce n'est jamais comme tu l'as entendu. Moi, je joue toujours sur l'impro, que ce soit en individuel, des séances individuelles et que ce soit des séances de groupe. Et même mes cours, j'ai un schéma et je l'adapte en fonction de la personne, en fonction du groupe.

 

Là, j'ai insisté sur quelques points parce que c'était filmé et c'était fait pour être vu et compris.

 

Animatrice:

Et la durée, en fait ?

 

Ghylaine Manet: 

La durée, normalement, on fait des heures, une heure de groupe, une fois par semaine. Ce sont mes élèves dans l'association, parce que c'est l'association Sophro-vie qui m'a permis, depuis 1989, pardon, depuis 1989, je suis arrivée en Nouvelle-Calédonie, en août 1989, avec mon livre « Vivons l'école autrement par la Sophrologie », qui avait déjà un contrat de France avec un éditeur important qui était ESF. Je suis arrivée, je ne connaissais même pas Nouvelle-Calédonie.

 

Rien. On me disait, surtout n'amène aucun livre parce qu'il y a plein de termites. Surtout, alors bon, moi je dis, donc je tombe et je suis tombée à Poindimié.

 

Je ne regrette pas, j'ai adoré, de connaître au moins la Nouvelle-Calédonie par Poindimié. Et j'étais très étonnée, parce que les profs de philo et profs de lettre m'ont dit, c'est un collège, ce n'est pas un lycée. Le lycée, il est écrit sur le papier.

 

Il n'est pas encore construit en 80. Et je suis arrivée à Poindimié. A partir de là, l'association, je l'ai créée avec des amis, parce que je suis passée à la télé, etc.

 

Non, c'est bien d'écrire un livre, mais qu'est-ce que vous allez faire ? Je ne sais pas. Écoutez, on a besoin de faire des groupes de se sophrologie.

 

Et j'ai commencé, poussée par les autres, ce n'était pas du tout mon idée parce que je ne devais rester que mon contrat. C'était sous contrat, donc trois ans ou six ans. À six ans, je me suis mariée, donc je suis restée.

 

J'ai trouvé mon mari ici, qu'est-ce que je vais faire ? Je vais rester par amour. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas par amour, n'est-ce pas ?

 

C'est le mot clé. L'amour. L'amour.

 

Amour de soi, amour des autres, amour de la nature, amour de la terre, citoyen du monde, c'est l'amour. C'est ça qui donne l'énergie. Et ça, on apprend justement en sophrologie.

 

Animatrice:

Et là, on a vu durant la séance, la sophrologie, ça se pratique essentiellement oralement.

 

Ghylaine Manet: 

Ah oui, c'est l'oral, c'est par la voix.

 

Animatrice:

Et la méditation, c'est la clé de cette approche ? C'est pas la même chose ?

 

Ghylaine Manet: 

La méditation fait partie de la sophrologie, mais au troisième degré. Nous, on n'est pas pour la méditation au premier degré. La méditation, ça va peut-être faire hurler certains, mais dans Le Monde, il y a un grand article, j'ai répondu dans mon Facebook, en effet, que la méditation peut, dans certains cas, développer encore plus les problèmes et développer, si on est un peu dépressif, et bien on est encore plus dépressif.

 

Parce que tout seul, quand on est incapable, quand on est dépressif, de trouver un ancrage positif, une visualisation positive si on est dépressif. C'est justement le critère de la dépression. Donc, la méditation, c'est au troisième degré.

 

Premier degré, RD1, premier degré, deuxième degré, troisième degré. Premier degré, retour, ce que vous avez vu, le corps, les sensations. Deuxième degré, ça commence à être l'analyse de soi-même, l'analyse de ses sentiments, déjà un peu le temps, l'espace, la psychanalyse, la conscience.

 

Qu'est-ce que c'est que la conscience ? C'est la perception, premier degré, sensation, deuxième degré, perception. Perception de soi-même, des autres, etc.

 

Donc, c'est un travail vraiment presque analytique, presque analytique. Et troisième degré, méditation, silence, et marche, marche bouddhiste. Et là, nous sommes dans la méditation, parce que nous avons travaillé le corps et l'esprit.

 

Ensuite, c'est, donc le corps et l'esprit fait la totalité de la personne. Moi, je suis corps, esprit. Et ensuite, on oublie qu'on est moi, et on est dans le non-moi, dans le silence bouddhiste.

 

Mais c'est parce qu'on a travaillé la reconstruction ou la construction de soi. Mais si on ne l'a pas fait, qu'est-ce qu'on trouve là-haut ? Le vide, l'angoisse, et on ne le dira surtout pas.

 

Parce que, de toute façon, il n'y a pas de communication avec l'autre. Moi, j'ai eu des gens, dans mon cabinet, pas ici, mais à Paris, ça a été terrible, qui étaient dépressifs, et qui sont les trois personnes d'un groupe, d'un groupe ésotérique, qui sont venus me voir, parce qu'ils déprimaient, et ils m'ont invité, j'ai vu ce qu'ils m'ont bien invité, c'était des rosicruciens, à Villeneuve-Saint-Georges, et ils m'ont invité pour comprendre qu'est-ce qui se passait. Ce qui se passait, c'est qu'on arrivait, on était 25, on se posait sur des tapis, tout ce que vous voulez, les bougies, c'était extraordinairement paisible, calme, tranquille, une petite musique légère, très douce, on s'assayait, il n'y en avait qu'avec des petits coussins, bref, silence complet pendant une heure, alors quand vous souffrez, que vous avez ça, que vous avez votre mari à côté, peut-être votre amant plus loin, c'était produit d'ailleurs, je me suis retrouvée, ça m'a marquée, et c'est assez vrai, il faut faire la méditation quand on n'est pas trop mal, quand on est trop mal, il faut faire la thérapie, ce n'est pas la sophrologie.

 

Animatrice:

En fait, il y a des séances en groupe, mais c'est possible en individu, enfin en personne, d'accord ?

 

Ghylaine Manet:

Bien sûr, en individuel, on a justement, la différence entre la sophrologie française et la sophrologie caycedienne, c'est que la sophrologie caycedienne est plutôt coach, c'est un coach, c'est un coach de gestion, pas du tout d'inconscient, que du conscient, et la sophrologie française, elle utilise donc la connexion avec l'inconscient, c'est de l'analyse, et en même temps la suggestion positive, alors les suggestions, c'est-à-dire qu'on va travailler ce qui est généralement, manque d'estime de soi, peur de regarder les autres, colère, colère contre tout, parce que j'ai un décès, colère contre mes parents, mon couple, etc., colère, c'est partout, confiance en soi impossible, ne pas se sentir à la hauteur, se sentir imposteur, tout ça, on peut le travailler en sophrologie française.

 

On est très proche à ce moment-là de l'hypnose Erciksonienne, très proche, c'est pour ça que j'ai développé l'hypnose. Et donc on fait des séances d'une heure, et la première séance, ça étonne tout le temps, la première séance, qu'on appelle la première séance l'anamnèse, et l'anamnèse ça veut dire qu'on va remonter l'histoire du sujet, mais si on ne fait pas sérieusement cette anamnèse, avec les questions quelquefois intrusives, il faut avoir aussi un peu de poids pour le faire, c'est vrai que moi à mon âge, évidemment que je suis la grand-mère de tout le monde quasiment, il faut poser des vraies questions qui vraiment incitent à une confidence.

 

Combien de fois j'entends ? C'est la première fois que j'ose vous dire, je ne pensais pas le dire. Et à partir de là, on va faire une stratégie sur quelques séances.

 

Les séances de sophrologie pure, ça devrait être pas plus d'une dizaine de séances, pour moi. Et en même temps, elles sont enregistrées. On enregistre la séance, d'abord, la deuxième partie de la séance c'était plutôt du training autogène de Schultz, c'est plutôt de l'auto-hypnose, la deuxième partie, très proche évidemment qu'on utilise toujours en sophrologie, et en fait, ces séances-là sont enregistrées, mais personnalisé, c'est-à-dire vous pouvez, par exemple, en sophrologie facile, c'est-à-dire un entretien d'embauche.

 

Vous avez un entretien d'embauche, vous n'avez pas réglé le problème de confiance en soi, d'imposteur, qu'est-ce que vous voulez, ça ne servira à rien. En ce moment, je ne sais pas ce qu'ils ont, mais il y a beaucoup des sportifs de haut niveau. Sportifs de haut niveau, la sophrologie, ça a été son cheval de bataille.

 

Raymond Abrezol, en 70-80, Raymond Abrezol, qui est maintenant décédé, qui était un sophrologue disons alpin, suisse, il a fait plus de 350 médailles d'or à l'époque, alors ça fait qu'est-ce qu'ils ont, tous ces skieurs, pour gagner: la sophrologie. Donc, on enregistre, moi j'ai fait ça encore hier, la séance de sophrologie, mais alors elle est vraiment très précise, l'amnèse n'est pas que l'histoire des problèmes de vie de celui qui ne gagne pas, qui était 8e puis il ne gagne pas, avant il était 1er, 2e, qu'est-ce qui s'est passé, c'est ça souvent, c'est pour ça qu'il gagne d'ailleurs, c'est quand ils se disent, mais attends, qu'est-ce qui s'est passé, j'étais 1er, je suis maintenant 8e. Et là, il faut être un peu psy, parce qu'autrement, si on n'est que sophrologue 2 ans, c'est pas suffisant, c'est pour ça que mes élèves, aujourd'hui, continuent à travailler la psychopathologie, etc., toute la psychologie, pour aider ces personnes-là. Ensuite, on va être, on va dire, bon, alors, qu'est-ce que tu veux faire, quel âge, t'es sur le pot, combien de secondes, 25 secondes, 26 secondes, etc.

 

Et on déroule le film, et vous l'avez vu tout à l'heure, je l'ai fait exprès pour vous aussi, d'insister un petit peu sur la visualisation du futur. Donc, si vous n'avez pas vu, pour un sportif de haut niveau, s'il n'a pas vu dans cette visualisation positive, s'il n'a pas vu qu'il allait être demain sur le podium, il n'y sera pas. La visualisation prépare le travail dans les neurones, ça travaille, ça travaille, vous conditionnez à réussir.

 

C'est une suggestion forte. Évidemment, c'est un conditionnement, mais c'est meilleur que le conditionnement j'y arriverais pas, mais qu'est-ce qui m'arrive, etc., c'est du conditionnement négatif. C'est des bouillies de neurones qui tournent, ça tourne les neurones, et ça fait une bouillie de neurones, comme dit Shapiro, qui fait de l'EMDR, initiatrice de l'EMDR, une bouillie de neurones.

 

Et donc, moi, je travaille, en fait, avec tout. Quand il y a un traumatisme, par exemple, il y a une chute, une chute de vélo, par exemple, pour les sportifs de haut niveau, il est traumatisé, il a raté son championnat, eh bien, je le fais visualiser avec ça. Je mélange aujourd'hui, parce que c'est aujourd'hui, parce que j'ai 35 ans de thérapie, aujourd'hui, je mélange sophologie, hypnose, l'EMDR, le mouvement oculaire, et là, tu vis ta colère.

 

Je suis psychanalyste, grâce à Nasio, d'ailleurs, qui est sur la couverture de mon livre, ce qui m'a accompagnée depuis 2002, après avoir été sophrologue-analyste, grâce à Jean-Pierre Hubert, j'ai continué mon travail avec Nasio, et c'est pour ça que je suis psychanalyste, mais maintenant, la psychanalyse, je l'écris dans mon livre, maintenant, ce n'est plus tellement la mode, parce qu'on a des méthodes qui font que le traumatisme qu'on travaillait avec la parole en psychanalyse, ce traumatisme, on peut le gérer avec le mouvement oculaire très récent.

 

Animatrice:

Et on l'a vu avec tes élèves, la sophologie, c'est pour tout le monde ? C'est pour tous. Même les enfants ?

 

Ghylaine Manet:

Bien sûr, les enfants, également, bien sûr. D'ailleurs, ils font souvent en famille, les élèves. Sur le tapis du salon, tout le monde s'allonge.

 

Il y a vraiment du chambard, c'est dimanche soir, ils sont très fatigués, samedi soir, on se fait une séance en famille. Une séance en famille. Et ça marche très bien.

 

Animatrice:

En fait, en fonction de la personne, chaque personne ne ressent pas la même chose.

 

Ghylaine Manet:

Et à chaque séance, c'est différent. Parce que chacun fait son chemin. À chaque séance, on travaille.

 

Tu m'as parlé tout à l'heure des consultations individuelles. Je donne la séance que j'ai enregistrée avec tous les membres. Tu as le droit de gagner, tu as le droit de réussir ta vie, tu es à la hauteur, par exemple.

 

À ce moment-là, elle l'écoute tous les jours. Et c'est ce travail, conditionnement, même le soir, qui fait que, brutalement, on n'a plus peur.

 

Animatrice:

Comme tu disais, c'est vraiment un art de vie. Un art de vie.

 

Ghylaine Manet:

Et je ne me fatigue pas. C'est un plaisir.

 

Animatrice:

C'est une passion. Oui, voilà, avant tout. Passion d'aider les autres.

 

Ghylaine Manet:

Et puis, finalement, il y a une réciprocité. Je suis heureuse d'avoir réussi quand on me dit que je dors bien maintenant. Alors que je ne dormais pas.

 

J'avais 4 ans, je ne dors pas. Et maintenant, c'est mieux. Parce que je fais beaucoup de sommeil.

 

Le soir, ils mettent mon MP3. Et là, il s'est conditionnée à ne plus avoir peur de se coucher. Je ne sais pas à peine que je me couche parce que je vais encore me retourner d'un côté de l'autre.

 

Animatrice:

Donc, c'est ta voix qu'ils entendent ?

 

Ghylaine Manet:

Ma voix. Que ma voix. Pas de musique.

 

Aucune musique. Moi, je suis contre la musique. J'adore la musique.

 

Je suis fan de la musique. Surtout l'opéra classique. Surtout l'opéra.

 

Mais la musique, c'est autre chose. C'est encore d'autres ondes. C'est ma voix.

 

C'est l'onde de ma voix qui est faite. Quand je dis, je suis calme.

 

Animatrice:

Oui, ça apaise.

 

Ghylaine Manet:

C'est pas musical. Ça dépend de la voix. Le tempo, le silence, tout ça, ça compte.

 

C'est de la musique. On ne fait pas de la musique sur la musique. Et puis, c'est l'âme.

 

La musique, c'est aussi l'âme. C'est l'un et l'autre d'entendre. Et je ne fais jamais la même chose.

 

Donc, j'écoute la personne. Et en même temps, je suis aussi en même temps.

 

Animatrice:

Super. Alors, je te propose Ghylaine que... Je te propose...

 

Ghylaine, c'est maintenant l'heure de l'anecdote de l'invité. C'est parti.

 

Ghylaine, c'est l'heure de l'anecdote de l'invité. Jingle.

 

Je vais te montrer une petite photo. Alors, on va voir deux personnes. Donc, tu vas commencer par me dire...

 

Donc, ta gauche. Celui qui est à ta gauche. Donc, voilà.

 

Ghylaine Manet:

Oui, oui, je connais cette photo. D'ailleurs, c'est amusant parce qu'ils se ressemblent. Maintenant, ils ont été des ennemis après.

 

Ils ont été des ennemis en 85. Partie 85. Et là, c'était le grand amour.

 

Donc, à gauche, c'est Hubert quand il était jeune. Et à droite, c'est Caycedo qui a inventé la sophrologie.

 

Animatrice:

C'est lui le père de la sociologie.

 

Ghylaine Manet:

C'est le père, Alfonso Caycedo. Et en fait, il faisait hypnose. C'est un Espagnol.

 

Animatrice:

Colombien.

 

Ghylaine Manet:

Colombien. Et en fait, il a travaillé beaucoup en Andorre. Vous voyez, pas mal du fiscal.

 

Bon, voilà. D'accord? Ça vous donne l'esprit.

 

Et en fait, Caycedo a rompu avec l'hypnose. Et aujourd'hui, c'est amusant parce que la sophrologie, maintenant, retourne à l'hypnose.

 

Il n'y avait quasiment que des médecins, dentistes, beaucoup, et puis des psychologues. Moi, j'ai pu y assister parce que j'étais en psychologie. Alors donc, ça m'a ouvert la sophrologie.

 

Et Hubert, en 85, qui était un grand ami de Caycedo, s'est séparé de Caycedo parce qu'il a dit: Moi, je n'étais pas d'accord. Par exemple, vous avez vu, tout à l'heure, vous avez vu le geste du karaté. Voilà un geste qui, en fait, libère des émotions.

 

Et quelquefois des émotions anciennes. On a beau se dire, non, non, c'est pas vrai. Je ne sais pas pourquoi j'ai pleuré.

 

Eh bien, Hubert dit, alors, il y a eu une émergence de l'inconscient, des émotions anciennes, et lui, il le refusait. Donc, à partir de 85, moi, je l'étais à l'époque, à la Salpêtrière, en 1985, il s'était mis à la grande messe à Paris, de la sophrologie, et Caycedo est venu, donc, d'Andorre, et il a proposé que la sophrologie devienne une sophrologie sociale, que sociale.

 

Animatrice:

Oui, parce qu'il parlait, c'est vrai, de la sophrologie sociale à but humaniste.

 

Ghylaine Manet:

Et Hubert a dit, sociale, d'accord, mais pas que sociale, personnelle, et surtout profondément ancrée dans l'inconscient. Conclusion, il y a eu séparation. Et c'est pour ça qu'on crée la séparation.

 

Les Caycedos, moi, je les aime bien, d'autant que, pas de problème, parce que celui qui tient au jour, parce que Caycedo vient de mourir. En septembre 2017, oui, c'est assez récent, quand même. Plutôt récent, parce que c'était terrible.

 

C'était le père de la sophrologie, et la sophrologie, c'est l'ouverture de la conscience. Or, il est mort.

 

Donc, oui, c'est assez étonnant. Abrezol, qui était mon maître avec Pierre Hubert, qui s'est rendu professeur à Paris en 84, j'ai dit c'est trop. Et, en fait, professeur, c'est une saison, j'ai dit, parce qu'on ne comprend rien, on ne sait pas, parce que c'est si loin.

 

C'est possible, tout est possible. Et là, Abrezol, il est mort, il y a tout le temps, j'ai oublié la prononciation, d'un cancer de l'œsophage. Et il a dit, quelque chose qui était étonnant, mais à s'examiner, que j'ai eu ensuite, c'est drôle, parce que j'ai eu ensuite, j'ai eu hasard, dans une école privée, il a dit, vous voyez, vous ne me reverrez plus, parce que je suis en phase terminal, un cancer de l'œsophage, c'est parce que j'ai trop, je ne suis pas assez préservée de mes patients.

 

Très important, parce qu'en fait, ce métier que l'on fait, il faut bien qu'on soit en soi-même, bien ancré en soi-même, bien en accord avec soi, parce que, un moment ou un autre, l'histoire de la personne en phase de vie, et bien ses résonances avec l'autre personne, l'histoire, et que ça perturbe certains, et quelquefois plus souvent qu'on ne le croit. Donc, il faut avoir, pour moi, quand on fait un travail de thérapie, il vaut mieux avoir un suivi personnel et être analysé, parce que comme ça, on est de clair avec soi-même, et c'est ce que nous avons défendu, c'est pour ça que tous mes élèves, quasiment, ont eu un suivi personnel, et cela aussi, alors que les caycediens n'ont pas un suivi personnel. Voilà la grande différence.

 

Les uns sont des coachs, les autres peuvent être des thérapeutes plus profonds, s'ils ont bien fait leur formation. Et les élèves que vous avez vus, et bien ils sont dans cette dimension-là. Et ça demande quand même encore du travail, et ce n'est pas dit à tout le monde, c'est pour ça que ce n'est pas donné à tout le monde.

 

Sur les 400, ça n'a pas été donné à tout le monde, et beaucoup se sont arrêtés en route ou bien n'ont pas accepté le suivi personnel. Et c'est partout pareil, parce qu'en EMDR, tous les 5 ans, on doit refaire des formations, des supervisions, etc. Moi, je suis jusqu'en 2020, et en 2020, si je n'ai pas fait les formations, je pense que je vais arrêter en 2020.

 

Mais en attendant, il faut quand même faire des formations, des supervisions, et comme beaucoup maintenant, beaucoup de personnes, dans beaucoup de professions, demandent maintenant des formations continues. Et bien, les sophrologues ne sont pas là-dedans encore. Et partout, les sophrologues et peut-être les psychologues ne sont pas forcément.

 

Donc, il y a beaucoup de gens qui touchent aux soins, et où commence, ça va être ma conférence, où commence le développement personnel, où commence la thérapie. Ah, il y a un moment où on se dit, et la psychothérapie ? Il y a un moment où on se dit, mais ce n'est pas possible.

 

J'ai peur de l'avion. Ok, tu as peur de l'avion. Est-ce que tu as d'autres peurs ?

 

Si tu as peur de sortir dans le magasin, si tu as peur, si tu as peur de parler en public, si tu as peur de, attends, est-ce que tu serais de nature phobique ? Dans ces cas-là, c'est plus tout à fait la même chose. Parce que en sophrologie, on peut faire très facilement, permis de conduire, entretien, c'est d'ailleurs entretien d'embauche, l'hôpital, l'intervention, l'accouchement, le voyage, j'ai peur de voyager, j'ai peur de manger avec ma belle-mère, parce que je ne peux pas manger.

 

On peut tout travailler en futurisation. En se projetant. En se projetant.

 

Dans une situation, dans une conscience modifiée, après avoir bien respiré, s'est détendue, ça y est, on recommence, pas à la somnolence, mais pas loin. La sophrologie, c'est au bord du sommeil. On n'est pas dans le sommeil, c'est au bord du sommeil.

 

C'est-à-dire une conscience un peu modifiée. Un peu somnolente. Je me repose.

 

Je ne vais pas réussir mon permis de conduire, on le reconditionne. D'accord ? Si, tu vois, tu vois que tu es capable, puisque tu l'as vu, donc c'est possible.

 

Ça c'est la sophrologie classique. Si on touche à ça fait longtemps que j'ai peur. Oh là !

 

On touche à l'enfance, on touche à l'inconscient, là commence la thérapie.

 

Animatrice:

Et quand j'ai fait des recherches, j'ai lu des articles. Certains y disaient que la sophrologie, ça permettait de connecter notre monde intérieur à notre monde extérieur. C'est ce que tu as expliqué.

 

Et puis il y a des articles, c'était plutôt l'écho de clichés du type que la sophrologie serait un courant sectaire. Alors, justement, qu'est-ce que toi, tu agis sur ça ?

 

Ghylaine Manet:

Je suis contente que tu me poses cette question. Parce que c'est une question qui a été au cœur de la sophrologie avec le Temple solaire. Parce que le Temple solaire, qui était une secte, il y avait plein de sophrologues.

 

Parce qu'il y avait plein de médecins. Et à l'époque, il y avait beaucoup de médecins sophrologues. Alors, en effet, et si Caycedo est allé en Andorre et pas en France...

Fin des 30 premières minutes de l'interview