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Qu'est-ce que le stress ?

Nous vivons dans un environnement chargé d'excitations de toutes sortes, de stimuli qui nous maintiennent en état d'alerte. Nous sommes les agressés et aussi les agresseurs. Le stress, c'est le fléau de notre siècle.

Écrit par Ghylaine Manet le 17 Juin 2023

Qu'est-ce que le stress ?

Le mot anglais stress, vulgarisé à outrance, est employé depuis le XVIIe siècle pour exprimer la difficulté de la vie. Mais son sens, de nos jours, s'est élargi au point qu'il signifie maintenant non seulement les causes multiples de cette souffrance mais aussi la réponse de l'organisme à ces agressions.

 

Le verbe latin stringere signifiait étouffer, serrer. De là, on a formé le mot détresse, qui recouvre un sentiment d'impuissance, particulièrement significatif de l'état physique et psychique de l'homme lorsqu'il se sent agressé. Dès 1910, la découverte de l'inconscient par Sigmund Freud a donné un éclairage révolutionnaire aux manifestations de douleur, de souffrance et de maladie. Freud a ouvert les couches souterraines de notre psychisme. Il a permis de relier les causes directes et objectives de nos souffrances aux manifestations profondes des forces de l'inconscient. Celles-ci agissent à retardement et amplifient les réponses de chaque individu à toutes les agressions.

 

Stress signifie tension.

Avez-vous le temps de respirer ?

Les travaux de Walter Bradford Cannon en 1935, à l'université de Harvard, ont démontré les interactions du corps et de l'esprit. A la même époque, le Canadien Hans Selye a mis en valeur un ensemble de symptômes bien précis qui sont catalogués comme des manières de s'adapter aux agents stressants. Hans Selye est considéré comme « le père du stress ». Et depuis lors, les travaux de laboratoire, particulièrement en médecine psychosomatique, se sont multipliés en Amérique et en Europe. En France, ceux du professeur Henri Laborit ont été rendus célèbres en 1980 grâce au film Mon oncle d'Amérique d'Alain Resnais. Ce film, très remarqué à Cannes, illustrait le phénomène du stress : le comportement des êtres humains était semblable à celui des rats de laboratoire.

 

Nous avons aujourd'hui une vue globale et complète sur le phénomène du stress, sur ses conséquences et sur les moyens d'y remédier. La vie est une perpétuelle stimulation et le stress est une nécessité biologique. Impossible d'imaginer cette privation de stress qui équivaudrait pour l'organisme à la mort. Ce bon stress, on le distingue en le nommant eustress. On vit dans l'eustress. On peut donc dire laconiquement que l'eustress, c'est la vie. Les organismes vivants tendent toujours à maintenir constantes certaines conditions qui forment un état d'équilibre qu'on appelle homéostasie. Mais cet état est fragile : il est sans cesse bouleversé par un excès de modifications de l'environnement. Nous sommes alors dans le mauvais stress : le distress, la détresse, l'affolement par excès de stimulation. C'est bien à ce stress-là qu'on tente, côute que coûte, de s'adapter et qui fait couler autant d'encre que de larmes ! C'est de celui-là qu'il sera question tout au long de ce livre.

Hans Selye, dès 1946, a cerné les trois phases spécifiques que chaque individu connaît lorsqu'il est en proie à un stimulus stressant :

 

  1. d'abord, une phase d'alarme avec choc : tachycardie, diminution du tonus musculaire, abaissement de la température, secrétion excessive des hormones.
  2. puis, c'est la phase de résistance, caractérisée par un accroissement de l'activité du sujet. Il fait face, grâce aux hormones particulièrement efficaces que sont les catécholamines et l'adrénaline. C'est son seul type de défense.Le sujet est surexcité. Si l'action des agents stressants se prolonge, le mécanisme de défense va jouer pleinement et l'excès d'hormones libérées lors des stress va finalement le perturber.
  3. finalement, c'est la phase d'épuisement. Le stress, qui entraîne une baisse immunitaire, favorise les états dépressifs, les allergies de toutes sortes et la maladie.

Dans les temps reculés de son histoire, l'organisme humain faisait physiquement face au stress : soit il fuyait, soit il combattait. C'est la formule célèbre : flight or fight. Aujourd'hui, la société a dévié le mécanisme naturel de défense, la réponse au stress n'est généralement plus physique ; la plupart des agressions sont verbales ou psychologiques. Sauf certaines exceptions, on ne tente pas de supprimer son adversaire, son voisin ou son patron, le corps à corps est évité. On se défend psychologiquement. Cette réponse déviée va favoriser la maladie qui est un manque d'adaptation par perturbation hormonale.

Le stress n'est pas une maladie, mais il est un facteur déterminant pour tous les dérèglements de l'organisme et on lui reconnaît d'être une composante de beaucoup de pathologies. Gérer son stress devient un problème primordial.

 

Pause respiration

Je gère mon stress. Je collabore avec mon corps. Je réduis mes migraines, mes insomnies, mon hypertension, mes allergies, mes douleurs, sans lésions organiques. Le problème de la résistance ou de l'abandon à la maladie n'est pas encore résolu. L'approche psychosomatique de Franz Alexander, psychanalyste américain de l'université de Harvard, et celle de l'école de Paris dirigée par Pierre Marty révèlent que « les facteurs émotionnels influencent tous les processus physiologiques par l'intermédiaire des voies nerveuses et humorales ».

L'asthme et les rhinites, si répandus dans nos sociétés où les femmes travaillent, sont des exemples frappants de symptômes psychosomatiques : l'asthme chez un enfant émotif peut être lié à l'absence prolongée de sa mère, vécue comme un manque affectif.

 

Engel a mis au point, en 1981, une grille de diagnostic de la maladie en utilisant trois paramètres : le biologique, le psychologique et le social (le BPS). 

 

La clinique psychosomatique constate que les maladies graves apparaissent chez des sujets qui ont présenté des dépressions dues à des traumatismes dont on peut citer, en priorité, le deuil du conjoint, des enfants, des parents, les actes de violence, viols, cambriolages, passages à tabac. Le cortège des accidents extrêmes, indépendants de notre volonté tels que la guerre, les tremblements de terre, les incendies, les inondations, entraînent des problèmes psychiques importants avec des symptômes bien connus et des phases répertoriées. Dans un premier temps, c'est le choc qui peut se manifester par la fuite ou par l'immobilisation ; le sujet est alors hébété, muet.

Puis succède la phase de déni, pendant laquelle le sujet fait comme si rien ne s'était passé, ensuite viennent une phase d'intrusions où l'événement arrive par périodes à la conscience du sujet, puis la récupération complète de l'événement dans la mémoire et enfin l'acceptation et l'intégration de l'événement traumatique dans la vie du sujet.

 

Avez-vous le temps de respirer ?

 

Evénements stressants de la vie familiale, professionnelle et sociale. L'événement qui vient en tête est la mort du conjoint. Si l'on considère le pourcentage de décès dans la tranche d'âge du veuf ou de la veuve, on remarque qu'il y en a dix fois plus dans la première année de veuvage. La vie professionnelle est un foyer de stress. Citons les métiers à hauts risques : pilotes, aiguilleurs du ciel, travailleurs sur les plateformes pétrolières, personnels des centrales nucléaires. Il en est de même pour les métiers à responsabités, les métiers de contrôle, de police, de surveillance, de santé, d'enseignement, et tous les métiers des médias. En fait, personne n'est épargné.

 

Le stress professionnel est pris en compte pour diminuer son coût : arrêts de travail fréquents, prise en charge médicale très onéreuse, perturbations dans le rendement. Il existe maintenant des diagnostics du stress ; le SDS (Stress Diagnostic Survey) de Ivancevich et Mattenson, de l'université de Houston, donne une importance à certains facteurs perturbants dans l'entreprise comme l'ambiguïté du rôle, les conflits de personnes, la surcharge de travail, l'impossibilité d'améliorer sa carrière. Le test de dépistage le plus utilisé est le JAS (Etude d'activité de Jenkins).

 

Le stress touche finalement chacun d'entre nous dans sa vie familiale, professionnelle et sociale. Des millions de gens sont plus exposés à ce fléau parce qu'ils vivent dans un monde très urbanisé, surpeuplé, où la société de consommation et de technologie avancée décuple le stress. D'autres phénomènes de société plus graves encore atteignent la qualité de la vie, que l'on pourrait regrouper sous la désignation : stress de la civilisation.